Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/522

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dit encore que les cornes de cerf contiennent, sous cette apparence de gelée, tout ce qu’il y a de meilleur & de plus volatil dans le sang. »

Il semble que c’eût été bien assez pour prouver que la gelée de corne de cerf ne peut être permise en Carême, de faire remarquer qu’elle tient de la substance même du cerf ; mais de vouloir que le suc qui nourrit la corne de cerf soit plus parfait que celui de l’œuf, qui est le précis de ce qu’il y a de plus pur, de plus achevé & de plus spiritueux dans la substance de l’animal ; c’est ne pas connaître la nature. Que le bois du cerf, comme le prétend nôtre Auteur, soit nourri de la partie blanche du sang, c’est-à-dire, selon lui, de la partie la plus pure & la plus affinée de cette liqueur ; que le bois du cerf emprunte au sang, par les arteres capillaires, la matiere de sa nourriture, à la bonne heure ; mais on demande à l’Anonyme de quelle partie du sang est donc nourri l’œuf, si ce n’est de la plus pure & de la plus essentielle ? Par quels vaisseaux il emprunte du sang sa nourriture, si ce n’est par les arteres capillaires ? L’œuf, selon nôtre Auteur, ne sçauroit donner, comme fait la gelée de corne de cerf, une nourriture ressemblante à celle de la viande, puisqu’il n’a pas eu le tems de devenir chair, &