Aller au contenu

Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/524

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

C’en seroit assez pour faire voir que, selon nôtre Auteur même, les œufs ne cedent en rien à la corne de cerf ; mais il faut achever de parcourir ses remarques sur ce sujet. Il dit, comme nous avons vû, que les cornes de cerf contiennent, sous cette apparence de gelée, tout ce qu’il y a de meilleur & de plus volatil dans le sang. Mais l’œuf, qu’il appelle plus bas, une quinte-essence naturelle, un soufre, un volatil, un feu prêt à s’allumer[1], que ne contiendra-t-il donc pas sous cette apparence de blanc & de jaune ?

Le bois de cerf, dit-il encore, est le dernier effort de la nature, puisqu’il ne se montre qu’aprés toutes les autres parties ; mais suivant ce principe, l’œuf sera aussi le dernier effort de la nature, puisque les œufs ne commencent à paroître dans les animaux, que lorsque les animaux sont parvenus à un âge parfait, & que leurs parties ont acquis toute leur étenduë.

Voilà de quelle maniere s’y prend l’Anonyme, pour décider des questions faciles, où deux mots suffiroient : il ne se contente pas des raisons qui se présentent naturellement, il en veut imaginer, & il tombe dans des absurditez & des contradictions. La gelée de corne de cerf ne peut être permise en Carême qu’aux malades & aux infir-

  1. Pag. 260 de la 1e. édit. & p. 454 de la 2e. tom. 1.