Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/526

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ties du cerf ; il ne s’ensuit nullement qu’elle soit chair ; car il n’est pas ici question de ce qui nourrit une partie, il est question du changement qui arrive au suc quand il se convertit en nourriture. En effet, si le raisonnement de l’Auteur étoit valable, il faudroit dire que la chair même du Cerf, celle du Bœuf, du Mouton, &c. ne seroit pas de la viande ; parce que ce qui nourrit cette chair, n’est que de l’herbe & du grain. Il est vrai que la chair des animaux est nourrie immédiatement du chyle, ou, selon quelques-uns, du sang même ; mais ce chyle, mais ce sang est fait de ces herbes & de ces grains ; ainsi, au dire de nôtre Auteur, il se trouveroit toûjours que la chair du Cerf, celle du Bœuf, du Mouton, &c. ne seroit pas de la viande. Encore donc que la corne de cerf reçoive sa nourriture de ce qui fait la substance même de la chair, il ne s’ensuit nullement qu’elle soit chair. Pour prouver que la corne de cerf est chair, il faut prouver que la substance de chair qui en fait la nourriture, n’y a reçû aucun changement qui puisse rendre cette corne differente de la viande. Or c’est ce que l’Anonyme n’a pas prouvé, & ce qui se prouve par l’analyse de la corne de cerf, & de la chair de cerf, dans lesquelles on trou-