Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/53

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on fait reflexion que l’eau regale, par exemple, dissout l’or, qui est un métal trés-solide, & qu’elle ne peut dissoudre l’argent, qui l’est bien moins : tout dépend donc de la nature particuliere des levains de l’estomac ; & cela supposé, il est peu de difficultez qu’on ne puisse expliquer, sur le fait de la digestion.

On demandera comment il est possible que les membranes de l’estomac, qui sont si délicates, ne soient pas endommagées par ces levains : nous répondons que les parties du corps ont reçu de la nature une conformation capable de resister chacune en particulier aux differentes liqueurs qu’elles contiennent ; & pour faire voir que nous ne supposons rien en ceci d’extraordinaire, nous aurons recours à l’experience suivante. L’esprit de nitre endurcit l’écaille de tortuë, & dissout la chair ; ce même esprit digeré & distilé avec des cloportes, ne dissout point la chair, & dissout le corail : ce qu’on peut éprouver en mettant un morceau de corail sur la main, & y versant dessus un peu de cet esprit : car alors on verra dissoudre le corail, sans faire impression à la main.

En quatriéme lieu rien ne doit mieux prouver, selon les principes de nôtre Auteur, que la digestion n’est pas l’ef-