Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/534

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

pitre exprés, pour montrer que la viande est l’aliment le plus sain, & celui qui produit le meilleur sang[1]. La raison qu’il en apporte, c’est que la viande a plus de rapport avec les principes de nôtre corps, & que les sucs qui la composent, sont plus analogues aux nôtres. On dira, s’objecte-t-il, qu’elle est difficile à digerer, & qu’elle fait des cruditez : cela n’est vrai, répond-il, que lorsqu’on en mange trop, & elle est en cela, comme tous les autres alimens, qui deviennent mauvais quand on en abuse[2]. Mais les fruits & les herbes qui engraissent tant d’animaux, ne sont-ils pas plus propres que la viande pour nous engraisser & nous fortifier ? Non, sans doute, répond-t’il encore, car les hommes, quoi-qu’en disent les Pythagoriciens, n’ont abandonné les fruits & les herbes, que parce qu’ils ont trouvé par experience, que la chair des animaux les soûtenoit davantage[3].

  1. Carnes optimum gignunt sanguinem modo bene concoctæ fuerint. Nonnius, de re Cibariâ, lib. 2. cap. 2.
  2. Nec illud admittendum concoctu carnes esse difficiliores, & cruditates inducete si modus adhibeatur, &c.
  3. Gustatâ carnis suavitate, fructus oletaque neglexere mortales, quippè experimento compertum, salubrius longe alimentum præbere hominibus animantia quàm arborum fructus, vel cætera hortensia, quidquid Pythagoræi obstrepant. Idem. Ibid.