Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/533

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Enfin, s’il est vrai que le maigre se digere plus facilement, on a grand tort de donner de la viande aux infirmes, il faudroit, au contraire, si-tôt que quelqu’un commence à se trouver un peu indisposé, le mettre aux pois & aux féves, qui, selon nôtre Auteur, obéissent avec tant de facilité à l’action de l’estomac. Car la premiere regle qu’on doit suivre dans ce qui concerne la nourriture des infirmes, c’est de consulter la digestion. Concluons donc que tout ce qui est dit dans le Traité des Dispenses, pour prouver que les alimens maigres sont plus sains & plus nourrissans que la viande, n’est d’aucune conviction, & que l’Anonyme a outré les choses.

On ne nie pas que la plûpart des alimens maigres, & sur tout des poissons, ne soient de bons alimens ; mais il ne s’ensuit pas qu’ils soient meilleurs que la viande, & qu’ils nourrissent davantage ; c’est de quoi conviennent ceux mêmes d’entre les Medecins qui se sont le plus déclarez en faveur du maigre. Le sçavant Nonnius, entr’autres, qui a fait un Traité exprés[1] pour justifier le poisson, trouve à redire que Plutarque ait prétendu que cette nourriture fût préferable à la viande[2] ; & il emploïe un Cha-

  1. De Piscium esu.
  2. Ibid. cap. 8.