Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/58

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une telle puissance, & que sa pente, s’il en a, à se fermenter, est absorbée par cette force extraordinaire du cœur, que par consequent il est contraint de couler sans fermenter : car dans la suite il parle du sang comme de la liqueur du monde la plus facile à fermenter : un peu de miel avalé suffit, selon lui, pour faire fermenter le sang. Que devient donc ici cette force extraordinaire du cœur ; cette force, en comparaison de laquelle la force du sang n’est que comme un à mille ? Elle s’évanoüit en la presence du miel, comme celle de l’estomac, qui est quadruple de celle-là, vient de s’évanoüir en la présence des fraises.

Mais pour revenir à cette force de douze mille neuf cens cinquante une livre, que nôtre Auteur donne à l’estomac, pour broïer les alimens, nous n’examinerons point si le calcul est juste ; un sçavant Medecin s’est donné ce soin, & a fait voir d’une maniere démonstrative que la force en question, bien loin d’être si énorme, ne va au plus qu’à trois onces ; en sorte qu’il n’y a ici d’énorme que la méprise de l’Anonyme. Tout ce que nous ferons sera de tirer de cette force même une consequence toute opposée à celle que nôtre Auteur croit qui s’en doit tirer naturellement. Selon lui, la