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Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/62

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de changer de nature que de lieu ou de place. En effet, aprés avoir servi de nourriture dans un animal ou dans une plante, elles passent par la digestion en celle d’un homme : ainsi la nourriture n’est dans l’homme que le remploi de la même matiere, qui a nourri, par exemple, l’animal, laquelle étant désunie d’avec les parties du corps de celui-ci, s’applique à celle du corps de l’autre ; d’où il faut conclurre que la digestion des alimens n’est qu’une désunion de matieres. Ces matieres faisoient des vaisseaux dans les corps des animaux & des plantes, & elles deviennent propres par la digestion à former des vaisseaux dans celui de l’homme. Dira-t-on que les vaisseaux dans une plante ou dans un animal, sont différens de ceux qui composent le corps humain ? Cette varieté n’est qu’apparente, puisqu’elle suppose moins une difference de nature que de modification, parce que ce ne sont que des situations changées, des déplacemens différens, de même qu’une laine differemment travaillée, plus ou moins frappée, fait des étoffes differentes. » Etrange systême que celui où l’on est obligé d’admettre une telle doctrine : car enfin si les alimens ne changent point de nature en nourrisant les animaux, si la difference qu’ils