Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/83

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grains, ou d’autres choses, il faut moudre cette matiere : or l’art de moudre étoit-il connu à Adam ? Nôtre Auteur répond qu’oüi. « L’invention de moudre les grains, dit-il[1], soit que cela se fît avec des meules ou des mortiers, soit à force de bras, ou en y emploïant des animaux, doit passer pour aussi ancienne que le monde, puisque le premier des hommes a merité de se voir condamné à manger son pain à la sueur de son corps ; & par consequent l’usage des grains pour la nourriture de l’homme, sera de pareille date. »

L’Anonyme ne sçait pas apparemment que le pain, comme nous venons de remarquer, n’a pas toujours été fait de grains, & qu’encore aujourd’hui, ainsi que l’observe Mundius, aprés divers Historiens, il y a des peuples qui le font avec du poisson séché & broïé[2] ; d’autres avec de la chair durcie, & certaines écorces d’arbres[3] ; d’autres avec des sauterel-

  1. Page 24. de la 1e. édit. & p. 40. de la 2e. to. 1.
  2. Septentrionalis Oceani accolis mare pro agro est, nam è piscibus panem habent. Mund. de Esculent. cap. X. Islandii Lappæ aliique Oceani Septentrionalis, maritima incolentes, piscibus frigore induratis pro pane utuntur. Nonnulli sinus Arabici incolæ piscibus sole torrefactis panem formant. Mund. de Esculent. cap. I.
  3. Mediterranei etiam earum regionum suam cervinam, Tarandorum carnem itidem induratam cum cortice pini in panes subigere feruntur. Mund. de Esculent. cap. I.