Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome II.djvu/133

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tiere que Dieu crée tout exprés.

Mais revenons à l’exemple des Actes des Apôtres, s’il n’est point merveilleux que deux cens soixante & seize personnes aïent pû, sans en être incommodées, se passer de nourriture pendant quatorze jours ; & s’il est vrai, comme on le suppose dans le Traité des Dispenses, qu’il n’y ait rien en cela qui passe les forces les plus communes de la nature, on ne sçauroit trop s’étonner de la conduite de celui qui connoissant si bien la condition de nos corps, ne laissa pas de craindre que s’il renvoïoit à jeûn des troupes qui ne le suivoient néanmoins que depuis trois jours dans le Desert, elles ne tombassent en défaillance sur les chemins[1]. Si nôtre Auteur avoit vêcu dans ce tems-là, & qu’il eût été du nombre de ceux à qui leur Maître demanda en cette rencontre, combien ils avoient de pains, il n’eût pas manqué de répondre que cette multitude, n’étant que depuis trois jours dans le Desert, pouvoit sans risque se passer encore plusieurs jours de manger, peut-être se seroit-il relâché en faveur des enfans ; mais pour les adultes, il auroit représenté qu’il ne falloit pas se mettre en peine de la nourriture de gens dont les corps

  1. Matth. 15. v. 32.