Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome II.djvu/134

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aïant pris toutes leurs dimensions, & n’aïant plus à croître, ne pouvoient tout au plus avoir besoin de nourriture que comme en passant, & par maniere d’acquit.

Nous lisons que certains Peuples se nourrissent uniquement d’odeurs qu’ils[1] respirent ; qu’un homme passa naturellement & sainement toute sa vie, qui fut assez longue, sans autre aliment que les raïons du Soleil[2]. Avec de telles observations, nôtre Auteur, de l’humeur dont il est, pourroit bien entreprendre de montrer qu’il n’est pas même nécessaire de jamais manger. Au reste, toutes fables à part, on ne peut nier qu’il n’y ait des exemples de personnes qui naturellement se soient passées de toute nourriture pendant un nombre considerable de jours[3] : mais ce sont des cas qui ne sçauroient faire de regles ; premierement, parce qu’ils ne sont pas assez fréquens ; & en second lieu, parce qu’ils supposent une circonstance dont il ne s’agit point ici ; car nous remarquerons que ces jeûnes extraordinaires, quand ils sont naturels, sont toûjours l’effet de quel-

  1. Plin. Hist. nat. lib. 7. cap. 1.
  2. Olympidor. Platonic. apud Quercet. Diætet. Polyhist.
  3. Voïez Fortunius Licetus. de his qui diu vivunt sine alimento. lib. 1.