Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome II.djvu/139

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C’est le chyle qui nourrit & qui fortifie le corps : ce suc formé des alimens que nous prenons, transpire sans cesse, tandis que le sang qui le porte aux differentes parties, se conserve presque sans déchet dans les vaisseaux où il circule, ainsi que le prouve le sçavant Lister[1]. Cette dissipation ou transpiration se fait si promptement & si abondamment, encore que les yeux ne l’apperçoivent pas, elle est plus grande en un jour, comme nous venons de le dire, que ne l’est en plusieurs celle qui se fait par l’anus, par la vessie, par le nez, & par la bouche. Le fait est constant, & les Medecins n’en doutent point. De-là vient qu’on a si souvent faim, & si souvent soif, & que lorsqu’on a été un certain tems sans nourriture, on devient foible &

  1. Pars chyli minima abit in sanguinis penum, Lister de Humorib. cap. 26.

    Non multùm minuitur sanguis ex modico alimento, cum tota perspiratio ex chylo digeritur, non ex sanguine : etenim parum aut nihil sanguinis absumitur, tantùm quotidianus chylus in humores digeritur, ex quibus insensibilis perspiratio omnium copiosissima est. Id. cap. 28.

    Chylus è sanguine quotidiè ejicitur, evanescitque, non quod in sanguinem vertitur, sed quod humoribus sanguinis orbi extraneis consumitur, & ut sub chyli formâ in sanguinem recipitur, cumque eo diù circum fertur, ita tandem cum eadem ipsissimâ chyli formi, sanguinis hospitium sensim relinquit & ad externos corporis usus dissipatur. List. ibid.