Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome II.djvu/140

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languissant. Ce n’est pas assez que les veines soient remplies de sang, il faut au corps une certaine quantité de chyle, sinon ce corps, quelque pourvû de sang qu’on le suppose, tombe dans l’inanition & périt[1]. Le sang est comme un fleuve, & le chyle comme des vivres portez sur ce fleuve, lesquels ne sont pas plûtôt abordez qu’ils sont enlevez. Que l’Anonyme prouve donc qu’il ne se fait presque point de dissipation de chyle dans les adultes, & on lui accordera que la nourriture ne leur est presque pas nécessaire. Mais comme le corps de l’homme, aussi bien que celui de la plûpart des animaux, souffre une dissipation & une perte considerable de substance, par tant de sensations différentes ausquelles il faut qu’il fournisse, & par le mouvement rapide des esprits, cette perte ne peut être suffisamment réparée que par une nourriture qui y réponde ; or puisque la perte est grande, il est donc nécessaire de se nourrir autrement qu’en passant & par maniere d’acquit. Encore si en ne prenant point de nourriture, le corps des adultes avoit le privilege de ne point perdre de sa substance, l’Anonyme auroit-il raison ; mais comme cette substance se dissipe même d’au-

  1. Cela se prouvera un peu plus bas.