Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome II.djvu/145

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queur que venois de seringuer, & j’eus le plaisir de trouver les veines lactées toutes remplies de cet indigo. Je voulus faire ensuite la même épreuve sur d’autres chiens, j’affamai les uns, & je nourris les autres : elle ne réüssit que sur ceux qui avoient été affamez. Plusieurs Anatomistes, aprés moi, ont essaïé la même chose, & ils ont eu le même succés : ce qui ne permet pas de douter que les veines lactées, lorsqu’elles ont été trop vuidées par le jeûne, ne tirent indifféremment tout ce qu’elles rencontrent dans les intestins, jusqu’aux sucs même les plus grossiers, qui n’auroient pû auparavant y trouver entrée.

On voit par ces Observations combien les jeûnes outrez sont dangereux, puisque rien n’est plus propre à allumer la bile, & à introduire dans le sang des matieres impures. C’est ce qui fait dire à un sçavant Medecin[1], que les maladies qui viennent d’inanition, sont plus longues & plus dangereuses que celles qui viennent de répletion : Morbi si quidem ab inanitione longiores & periculosiores iis qui à repletione fiunt.

  1. Fugienda ergo sacietas, sed non ita tamen ut in contrarium peccetur, morbi siquidem ab inanitione longiores & periculosiores iis qui à repletione fiunt. Petr. Gontier, lib. x. cap. xxxiv.