Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome II.djvu/156

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Régions froides, on mange davantage[1]. Ainsi l’exemple des anciens Hermites de la Thebaïde ne sçauroit faire de regle.

Nous remarquerons en second lieu que Cassien, qui décrit la Vie de ces saints Hermites, dit qu’ils prenoient une livre de nourriture par jour, sur quoi nous observerons que cette livre de nourriture ne montoit, à la vérité, qu’à douze onces ; mais que ces douze onces étoient plus en Egypte, que trente ne sont dans la plûpart des Régions de l’Europe ; qu’ainsi le jeûne de ces anciens Hermites, quelque aus-

  1. La raison pourquoi dans les Païs froids on mange davantage, & que dans les Païs chauds on mange moins, est la même qui fait que pendant l’Hiver on mange plus que dans les autres Saisons. Dans le froid de l’Hiver l’estomac est plus fort & plus actif, au lieu que pendant le chaud de l’Ete, il est plus foible & plus languissant, ainsi que l’observe Hippocrate : ensorte qu’alors les alimens se consumant plus vite, comme on le voit par les déjections qui sont plus grandes ou plus fréquentes, on doit ressentir aussi un plus grand besoin de nourriture. Le chaud de l’Eté est passager ; mais celui d’un climat toûjours brûlant, fait sur l’estomac une impression continuelle qui l’affoiblit tout autrement que ne peut faire celle d’une chaleur qui passe. La nourriture restant donc plus long-tems dans l’estomac de ceux qui habitent les Païs chauds, il ne faut pas s’étonner qu’ils supportent le jeûne avec plus de facilité que ne font ceux qui habitent des Païs froids ou temperez. Les jeûnes des orientaux ne sont donc point des exemples à nous apporter, & la comparaison de ces peuples à nous ne convient nullement ici.