Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome II.djvu/157

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tere qu’il fût d’ailleurs, ne sçauroit confirmer la prétenduë création que nôtre Auteur veut établir, pour expliquer la nourriture de nos corps. Mais peut-être prenons-nous trop à la lettre les paroles de l’Auteur. Peut être n’est-ce qu’une maniere de parler, que cette création qu’il a mise en avant ; peut-être qu’un mot en l’air, à quoi il n’a prétendu donner aucun sens ; nous aimons mieux le croire, que de lui attribuer une telle imagination : laissons donc son prétendu miracle, & revenons à son atome, qui étant bien divisé dans l’estomac, suffit naturellement pour nourrir avec surabondance quelque homme que ce soit, pourvû que ce soit un homme en santé, & qu’il ait ses forces bien entieres. A la vérité, les alimens ne sçauroient nourrir s’ils ne sont divisez ; mais il faut aussi, quand ils le sont, qu’il s’en condense une portion dans les differentes parties où ils sont portez, sans quoi ils ne pourroient jamais faire des os & de la chair : or pour cela il faut sans doute plus d’un atome, nos corps étant du volume dont ils sont. Ajoûtons que cette matiere divisée s’échappe sans cesse, & qu’afin qu’il en reste assez, soit pour accroître, soit pour entretenir la masse du corps, il est absolument nécessaire de prendre