Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome II.djvu/158

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une certaine quantité d’alimens. Nôtre Auteur confond ce que l’on nomme en general aliment ou nourriture, avec l’extrait que la nature en tire pour la réparation & le soûtien des parties. Cette réparation se fait par le moïen d’une petite quantité de matiere trés-fine & trés-divisée ; mais cette matiere fine est extraite de l’aliment, & l’aliment, comme l’on sçait, ne la sçauroit fournir, s’il n’est en une plus grande quantité que l’extrait qu’en tire la nature. Pour faire, par exemple, en mangeant du pain, le poids d’un grain de suc nourricier, il faut manger sans doute plus d’un grain de pain ; & qui supputeroit les choses, verroit que la quantité de pain nécessaire pour fournir une dragme de suc nourricier, passe infiniment cette mesure. Il faut donc prendre beaucoup d’aliment, pour faire un peu de suc nourricier, & c’est ce qui est cause qu’il y a dans le corps des voïes destinées à l’évacuation du marc des alimens : évacuation qui, dans les principes de l’Anonyme, ne devroit convenir qu’à ceux qui mangent au-delà du besoin.

Mais qu’est-il nécessaire de recourir à tant de raisons pour justifier l’usage du boire & du manger, contre les discours d’un Auteur qui va tâ-