Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome II.djvu/163

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midi, & davantage le soir, parce qu’ils prétendent que le sommeil hâte la digestion ; à quoi ils ajoûtent, qu’il y a plus loin du soupé au dîné, que du dîné au soupé : Celse & Galien sont de ce sentiment. Quelques autres, au contraire, comme Actuarius, Avicenne, Cardan, &c. prétendent, qu’il vaut mieux faire son meilleur repas à midi. Nous ne citons point la maxime triviale de l’Ecole de Salerne :

Ut sis nocte levis, sit tibi cœna brevis ;


parce que cette prétenduë Ecole est d’une si petite autorité parmi les Sçavans, que son témoignage ne doit être compté pour rien[1]. Quoiqu’il en soit, nous disons, qu’à consulter la raison & l’expérience, il vaut mieux souper legerement. Quelques-uns croient, que c’est que pendant le sommeil, les parties solides ont fort peu besoin de réparation, & qu’une grande nourriture, par conséquent, ne pourroit que surcharger la masse du sang. Pour prouver que les parties solides ont moins besoin de réparation quand on dort que quand on veille, ils remarquent que le sommeil ôte la faim.

  1. Minus placet quod fieri hodie à multis video, versiculos aliquot inconditos, scholamque nescio quam salernitanam sequentibus, quâ vix scio an quidquam in litteris Medicorum inelegantius sit aut indoctius. Lommius Comment. in Cels. in Epist. nuncupator.