Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome II.djvu/164

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Il est vrai que pendant le sommeil de la nuit, & même quelque tems aprés le réveil, on ne ressent point de faim, quoique néanmoins il se soit passé plus de dix ou onze heures aprés le soupé ; il est vrai encore que ceux qui veillent la nuit, ressentent plûtôt & plus vivement la faim que les autres. Mais la cause de tout cela n’est point que pendant la nuit le corps ait moins besoin de réparation, puisqu’au contraire il paroît en avoir un si grand besoin, que lorsqu’on lui ôte celle qu’il reçoit du sommeil, il tombe dans l’abbatement. La vraïe raison donc, pour laquelle il est plus à propos de manger légerement le soir, c’est que le sommeil convertit presque tout en nourriture ; (ce qui est même cause qu’on défend ordinairement de dormir aprés une medecine) ensorte que quatre onces d’aliment donnent plus de sucs nourriciers pendant le sommeil, que huit pendant la veille : ce qui fait voir que l’usage de ne s’accorder en Carême qu’une légere collation sur la fin du jour, n’a rien de contraire à la santé, à moins qu’on ne soit d’une constitution particuliere, qui mette quelque exception à cette regle. Si donc l’on s’accoûtume à faire son meilleur repas le soir, sans laisser ensuite un grand intervalle entre le