Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome II.djvu/179

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évaporer trop long-tems sans la renouveller, les parties les plus douces se dissipent, & la liqueur se sale encore davantage. Il en est ainsi du sang : le chyle dont il est arrosé & qui l’adoucit, se dissipe continuellement par la transpiration insensible, & laisse à la fin dans la masse, les sels les plus picquans, si l’on manque de le renouveller à tems par une nourriture suffisante & convenable. C’est dequoi il est facile de se convaincre en faisant l’analyse du sang de deux animaux de même espece, de même âge & de même grosseur, dont l’un ait été suffisamment nourri, & dont l’autre n’ait eu, pendant quinze jours ou trois semaines, que ce qu’il lui aura fallu précisément pour ne pas mourir. On verra que le sang de celui auquel on aura refusé une partie de la nourriture nécessaire, fournira beaucoup plus de sel. Il faut donc bien se garder, par exemple, de faire jeûner un graveleux pendant tout un Carême, sous prétexte qu’il est à propos de le saigner quelquefois ; ce seroit le vrai moïen de l’échauffer, de rendre son sang. encore plus salin, & d’augmenter par conséquent la cause de sa maladie. Voilà ce qu’il n’est pas permis à un Medecin d’ignorer.

D’ailleurs, quoiqu’on se propose