Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome II.djvu/180

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quelquefois en saignant un graveleux. un gouteux, un apoplectique, de diminuer le volume du sang, comme lorsqu’il s’agit de prévenir sur le champ un accés, ou de le dissiper ; il ne s’ensuit pas que le jeûne convienne aux graveleux, aux gouteux & aux apoplectiques ; une des conséquences au contraire, qu’on en doit tirer, c’est que la saignée étant nécessaire alors pour dégager sur l’heure les vaisseaux d’une humeur qui ne s’y arrête, que parce qu’elle s’épaissit, & que les passages se retrécissent, il faut donc éviter le jeûne comme capable de produire ces deux mauvais effets, en rendant le sang plus salin.

Enfin il est si peu vrai que toutes les maladies où il faut saigner viennent de répletion, & qu’ainsi nulle de ces maladies ne dispense de jeûner pendant le Carême, qu’il y en a au contraire plusieurs de celles-là qui viennent d’inanition. Une personne, par exemple, qui pour avoir souffert trop souvent la faim ou la soif, ou tous les deux ensemble, se sera échauffé la poitrine, & crachera le sang, sera-t-elle malade de répletion ? & devra-t-on l’obliger au jeûne sous prétexte que cette maladie demandera quelques saignées ? On pourroit nommer ici un homme de bien qui jeûne le