Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome II.djvu/191

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tetur esuries, qu’il cite pour s’autoriser, ne signifie point que pour jeûner, il suffise de demeurer sur son appétit, aprés le repas. Et quand Saint Paul dit dans l’Epître aux Philippiens, Scio & esurire, le sens de ces paroles n’est pas, qu’il sçait demeurer sur son appétit. Enfin, ce n’est point une pénitence telle que la demande le jeûne, que de demeurer seulement sur son appétit, principalement si on prend cette expression au sens de nôtre Auteur, qui par demeurer sur son appétit, n’entend autre chose, que ne pas manger jusqu’à se rassasier ; ainsi qu’on le peut voir, lorsqu’il dit au même endroit, que cette maniere de jeûner seroit salutaire au corps, & que Galien le pensoit ainsi aprés Hippocrate, qui tenoit pour maxime, que la principale regle de santé consistoit à ne manger jamais jusqu’à se rassasier. Studium sanitatis est non satiari cibis[1]. Comme si le précepte que donne ici Hippocrate de ne pas manger avec excés, étoit celui qu’il suffit d’observer pour satisfaire au jeûne. Etrange pensée pour un Medecin Chrêtien, de confondre ainsi la so-

  1. Quoique l’Auteur du Traité des Dispenses écrive en François & non en Latin, il cite toûjours en Latin les Auteurs Grecs, au lieu de les traduire en François, ou de les citer dans leur Langue.