Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome II.djvu/202

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Voilà qui est convainquant. Y aura-t-il, aprés cela, des Directeurs assez dépourvus de bon sens, pour se laisser persuader qu’un homme, qui, sur sa propre expérience, dira qu’il ressent de grands épuisemens dans des travaux de corps ou d’esprit, dont il ne pourra se dispenser, mérite pour cela plus d’indulgence sur le jeûne, qu’un autre ? Ils sçauront tous à présent, que le travail donnant plus de surfaces au suc nerveux, en le cohobant & l’affinant davantage, produit le même effet que s’il fournissoit de nouveaux esprits, parce qu’un moindre volume de suc nerveux devenu plus fin, remplit aussi exactement les nerfs, qu’une quantité plus grande qui ne seroit pas bien divisée, & là-dessus ils répondront à quiconque se croira affoibli à force de travailler, que les esprits ne faisant que se subtiliser & se cohober de plus en plus quand on travaille, n’en deviennent que plus capables de remplir les organes, & de donner par conséquent de nouvelles forces à tout le corps. Qu’ainsi des épuisemens causez par les fatigues du corps ou de l’esprit, étant de pures chimeres, on ne peut prétendre, sur de si mauvaises raisons, à aucune dispense du jeûne. Mais parlons sérieusement ; comment pour prouver que les esprits ne se dis-