Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome II.djvu/218

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le prouve-t-il ? par un paralogisme fort sensible, qui ne devoit pas lui être échappé. Voici le raisonnement d’où il infere qu’on accorde pour la collation, les deux tiers de ce qui peut suffire pour la nourriture d’un homme pendant tout un jour.

« Les hommes d’aujourd’hui paroissent se contenter encore de moins, puisqu’une livre de pain & autant de viande passe ordinairement pour la quantité de nourriture dont un particulier, qui agit & qui travaille, peut se contenter. La Regle des Casuistes, qui va à permettre vingt onces à collation, est donc manifestement abusive, car si trente-deux onces pesant d’alimens, ce sont ses termes, suffisent pour tout un jour, il est ridicule d’accorder les deux tiers de cette quantité pour un repas, qui n’est que de pure indulgence, & qui vient à la suite d’un dîner, où il n’est pas rare qu’on mange plus de trente-deux onces, qui suffisent pour la nourriture d’un homme pendant vingt-quatre heures. »

Le paralogisme est manifeste, puisque l’Auteur, pour faire les vingt onces de la collation, joint aux dix onces d’aliment solide, la même quantité de boisson, comme nous l’avons vû un peu plus haut ; au lieu qu’il laisse à part ce qu’on boit en man-