voüer qu’il s’est trompé en accusant ici les Casuistes d’un relâchement si excessif, & en leur reprochant comme il fait, de condamner les hommes à la plus affreuse gourmandise, il dit que « c’est toûjours trop accorder que de permettre dix onces de solide à collation, puisqu’il n’est pas rare qu’à dîner on mange plus que trente onces, (c’est l’expression dont il se sert) lesquelles suffisent pour la nourriture d’un homme pendant vingt-quatre heures » : ensorte que ce seroit faire manger les jours de jeûne quarante onces de solide, au lieu de trente qui pourroient suffire ordinairement, & en tout autre tems. Par où on voit qu’il confond toutes les circonstances, & qu’il n’a aucun égard aux différences des personnes ; car on ne prétend pas que celui à qui trente onces de solide suffiront pleinement pour sa nourriture pendant un jour, ait la permission en Carême d’en prendre 40. cela seroit absurde. Tel qui aura pris trente onces d’aliment solide à dîner, pourra avoir encore besoin d’en prendre dix le soir ; & à tel autre qui n’en aura pris que vingt, une collation de deux onces de solide, sera peut-être trop abondante. Quand donc les Casuistes ont fixé la mesure à huit ou dix onces de solide, ils n’ont pas prétendu,
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