Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome II.djvu/222

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huit onces de nourriture à sa collation soit pour lui une quantité énorme ; l’exageration de l’Anonyme est énorme elle-même : ce que nous disons ici, nous le disons aprés nous en être informez à plus d’un Espagnol que nous citerions, s’il étoit nécessaire. Une autre refléxion qu’il reste à faire, c’est qu’il ne faut pas toûjours mesurer la collation sur la quantité d’alimens qu’on aura prise à dîner ; car encore que cette quantité pût suffire pour nourrir un homme pendant 24. heures, si elle étoit partagée à diverses fois, il ne s’ensuit pas qu’étant prise à un seul repas, où je suppose que l’on garde les regles de la tempérance, elle ne puisse laisser le soir dans un fort grand besoin de manger celui qui en a fait son dîner. Il n’est pas nécessaire d’être Medecin, pour sçavoir qu’on est mieux soutenu d’une certaine quantité d’alimens partagée à plusieurs fois, que de la même quantité prise en une seule. Et celui-là se tromperoit fort, qui, sous prétexte qu’il lui seroit permis de manger tel poids d’aliment à dîner, & tel poids à collation, croiroit ne point blesser le jeûne, en mangeant cette même quantité à quatre differens tems de la journée ; le potage, par exemple, à midi, le poisson & les autres mets à quatre