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DE LA SOIF QU’IL FAUT
endurer les jours de Jeûne.



Il n’est pas moins de l’essence du jeûne de se mortifier sur le boire, que sur le manger, & nous souscrivons avec plaisir à toutes les preuves que l’Auteur du Traité des Dispenses, emprunte sur cela, de la pratique de l’Eglise pendant douze siécles, & du sentiment des Peres ; mais nous ne souscrirons jamais aux étranges raisons qu’il apporte pour recommander la soif en Carême, & qui sont peu dignes non seulement d’un Medecin qui sçait ce que le corps peut supporter, mais d’un Chrêtien un peu instruit du véritable esprit de l’Eglise dans le précepte du jeûne.

« C’est pour mortifier le corps, nous dit-on, dans ce Traité, & pour réprimer les passions, que les Peres ont recommandé le jeûne. Or rien ne fait tant souffrir que la soif ; & l’exemple des Solitaires, qui trouvoient tant de ressources contre les vices, dans la privation du boire, doit nous persuader que la soif peut beaucoup pour ruiner de mauvaises inclinations : elle a même quelque chose de plus péni-