Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome II.djvu/271

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ble que la faim, suivant la remarque d’un grand Philosophe, (Aristote dans ses Problêmes) puisque la nature souffre moins de la faim pendant trois jours, que de la soif pendant trois heures, c’est que les incommoditez extérieures qu’elle cause, telle qu’est, par exemple, la sécheresse insupportable de la langue & de la gorge, ne sont que de foibles maux, comparez au supplice qu’elle fait souffrir intérieurement à tous les visceres. La faim, d’ailleurs, n’a rien que de naturel, ainsi on risque moins en s’y livrant pour quelque tems : la soif, au contraire, est toûjours contre nature ; c’est une sorte de maladie, elle en est au moins le symptôme, ou la suite. En effet, la faim annonce la santé aux malades, & la soif présage la fiévre, ou la suit : Febricitantes sitiunt, esuriunt convalescentes. Les causes de l’une & de l’autre prouvent ces différences ; la faim vient d’un estomac vigoureux, qui sent sa force, & qui l’excite : vuide qu’il est de sucs, mais plein de ressort, il agit sur lui-même, ses fibres s’exercent, & travaillent en vain ; & ne trouvant rien à briser, elles se fatiguent & se lassent toutes seules : c’est un moulin qui mout à vuide. Mais tout ceci montre la force de ce viscere tout entière. Il n’en est pas