Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome II.djvu/284

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besoin de boire augmente en ne bûvant pas, ont la permission de boire ; ce qui fait un langage peu sensé ? Si c’est le jeûne du manger, il se contredit visiblement, puisqu’il pense, comme nous le verrons bien-tôt, & comme on le doit penser en un sens, qu’il ne faut boire qu’à proportion de ce qu’on mange, & que lorsqu’on mange moins, on a moins besoin de boire. Que signifie donc, aprés cela, la permission qu’il donne d’éteindre une soif qui s’augmente à l’occasion du Carême ? C’est ce qu’il est difficile d’expliquer dans ses principes.

Mais changeons de matiere ; nous avons vû tout-à-l’heure, la raison qu’il apporte pour montrer que la soif est trés-propre à réduire les passions, & qu’ainsi il la faut souffrir en Carême ; nous remarquerons ici que cette raison n’est pas la seule qu’il allegue pour cela. En voici une autre qu’il tire de la qualité délaïante de l’eau, & par laquelle il prétend prouver que l’usage de l’eau, s’il n’est extrêmement moderé, est dangereux à la chasteté, & que par conséquent on ne sçauroit trop peu boire en Carême. C’est quelque chose de singulier que les raisonnemens qu’il fait sur ce sujet.