Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome II.djvu/286

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tion & de force : ses sels moins détrempez, ne se développent qu’imparfaitement : ils perdent de leur pouvoir à mesure qu’ils perdent de leur véhicule, parce que les sels n’agissent qu’autant qu’ils sont dissous : Salia non agunt nisi dissoluta, dit Takenius. ils seront donc moins capables d’exciter les nerfs, & de remuer l’imagination. Le sang, d’une autre part, moins humecté, fournira moins d’esprits, par la raison que les plantes spiritueuses & aromatiques, ne donnent de leur volatile dans la distillation, qu’autant qu’elles sont suffisamment amolies & détrempées par quelque liqueur. Les esprits donc qui partiront d’un sang mal détrempé, seront en moindre quantité ; ils seront d’ailleurs moins légers, & moins propres à élever l’esprit & à enfler le cœur. L’observation des Solitaires a donc sa vérité.

L’Auteur du Traité des Dispenses soûtient toûjours son caractere, qui est de ne jamais se soûtenir : Et on peut dire de lui, ce que Boëce[1] dit de la fortune, quand il remarque qu’elle est constante en un point, qui est de changer toûjours. Il faut donc, selon ce qu’on nous dit dans le Traité des Dispenses, se moderer extrême-

  1. Boet. Consolat. Philos. lib. 2.