Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome II.djvu/304

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

par l’eau, seront encore moins en état de couper & d’exalter suffisamment les parties sulfureuses du vin ; car ce n’est que par ce défaut d’exaltation des soufres, que le vin s’engraisse ; au lieu que si on y jette de la lie & du tartre, ou quelqu’autre matiere semblable, on excitera une nouvelle fermentation, & on rétablira le vin.

Voilà une image de ce qui se passe dans l’estomac, quand on boit trop d’eau. On s’énerve, on affoiblit la force des sels, tant des alimens que de la salive, & on trouble par ce moïen la fermentation des alimens, d’autant plus que cette fermentation est une fermentation douce & tranquille, que le moindre obstacle est capable d’arrêter. Mais, dira-t-on, si le moût du raisin n’a pas assez d’eau, comme il arrive dans les tems trop secs, il ne fermentera non plus suffisamment. Il est vrai ; mais cela ne viendra que de ce que le trop peu d’eau ne fournissant pas aux sels un champ assez libre pour s’étendre, les empêchera de se mouvoir autant qu’il est nécessaire pour pénétrer les soufres, & s’insinuer entre leurs parties ; ce qui fait voir qu’il faut au suc du raisin, une quantité médiocre d’eau pour fermenter : Ensorte que s’il y en a au dessus ou dessous d’une certaine mesure, on