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Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome II.djvu/305

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ne doit point attendre de fermentation parfaite. Il en va ainsi de la fermentation des alimens dans l’estomac, trop d’eau l’empêche, trop peu d’eau produit le même effet. Or le vin trempé, la bierre, & d’autres liqueurs semblables, renferment une quantité suffisante de flegme, pour que cette fermentation ne soit point empêchée ; & en même tems on y trouve des sels capables de donner de la force à cette fermentation, à peu prés comme le sel de tartre jetté sur le vin qui n’a pas assez fermenté, le fait fermenter de nouveau.

Les alimens ne se digerent pas bien, s’ils ne sont pénetrez d’une certaine quantité de salive ; or dans l’homme la salive ne se détache qu’à proportion d’un certain picotement doux, qui s’excite sur la langue, & sur les membranes de l’ésophage & de l’estomac ; ensorte que l’eau n’excitant point ce picotement, doit détacher moins de salive, & être par conséquent moins propre toute seule à la digestion.

Suivant ces principes, on voit que l’eau pure est encore moins convenable en Carême, que dans les autres tems, puisque la plûpart des alimens dont on use alors, comme les poissons, les fruits, les herbages, sont trés-aqueux.