Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome II.djvu/325

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deuxiéme année, commence à dégénerer. Plus il vieillit alors, & plus il perd de sa bonté. Celui d’un an, autrement dit d’une feüille, est encore dans sa vigueur ; mais les vins de quatre & cinq feüilles, que quelques personnes vantent tant, sont des vins usez, dont les uns sont insipides, & les autres amers, ou aigres, ce qui dépend de la qualité qu’ils avoient auparavant ; car les vins forts deviennent amers en vieillissant, & les foibles s’aigrissent. Chez les Anciens, un vin passoit pour nouveau les cinq premieres années, il étoit de moïen âge les cinq autres ; & on ne le regardoit comme vieux, que lorsqu’il avoit dix ans, encore s’en bûvoit-il, qui ne commençoit à être de moïen âge, qu’à quinze ans[1]. Scylla, dans un festin solemnel, regala ses conviez d’un vin de quarante feüilles[2]. Petrone fait mention de vins qui avoient cent ans : & Pline dit qu’on en trouvoit de deux cens ans[3]. Mais il faut remarquer que les Anciens, pour conserver leurs vins si long-tems, les faisoient épaissir jusqu’à consistance de miel ; quelquefois même jusqu’à leur laisser prendre une telle dureté, en les exposant à la fumée dans des outres ou

  1. Plin. lib. 23. cap. 1.
  2. Plutarch.
  3. Plin. lib. 14. cap. 4.