Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome II.djvu/328

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

vin, en vineux & aqueux. Le premier est celui qui porte bien l’eau, & le second, celui qu’un peu d’eau affoiblit. Les Anciens, comme nous venons de remarquer, avoient des vins trés-vineux, puisqu’ils en avoient même où il falloit mettre vingt parties d’eau pour les pouvoir boire ; tel étoit, par exemple, celui qu’ils appelloient vinum maroneum[1]. Les nôtres sont bien éloignez de cette force, & nous n’en avons point que deux parties d’eau n’affoiblissent considérablement. Le vin vineux nourrit davantage, l’aqueux nourrit moins. Le premier est sujet à troubler la tête, le second est plus ami du cerveau, & convient mieux aux gens de Lettres : il est sur tout plus propre dans les collations de Carême, où un vin trop fort & trop nourrissant, à moins qu’on ne l’affoiblisse considérablement par le mêlange de l’eau, ne sçauroit être que contraire au jeûne.

A l’égard du païs, les vins les plus connus, sont ceux d’Italie, d’Espagne, d’Allemagne & de France. Le meilleur vin d’Italie est celui qui croît au pied du Mont-Vesuve, & qui est vulgairement appellé Lachryma Christi : il est d’un rouge vif, d’une odeur agréable, d’une saveur un peu douce, & il passe

  1. Plin. lib. 14. cap. 4.