Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome II.djvu/336

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sance qu’auparavant ; ensorte que les esprits animaux & les autres liquides, n’étant plus régis par les solides, les principales fonctions, tant de l’ame que du corps, lesquelles ne s’entretiennent que par l’équilibre qui regne entre les solides & les fluides, doivent se déranger. C’est ce qu’on voit arriver à ceux qui boivent trop de vin, leur tête appésantie, leurs yeux troubles, leurs jambes chancelantes, leurs délires, ne prouvent que trop le désordre dont nous parlons. Mais sans boire du vin jusqu’à s’exposer à ces accidens, il arrive toujours, lorsque l’on en boit beaucoup, que les membranes & les conduits du cerveau, trop souvent tendus au-delà du nécessaire, tombent enfin par cet effort réïteré, dans un relâchement qui ne leur permet plus de reprendre d’eux-mêmes leur premiere agilité, & de pousser les liquides comme ils faisoient, ce qui doit nécessairement ralentir la circulation des sucs, interrompre les secretions, mettre le désordre dans les esprits animaux, & porter par conséquent beaucoup de dommage, non seulement au corps, mais à l’esprit. On voit par-là que si tout le monde doit boire peu de vin, les enfans en doivent encore moins boire que les autres ; & que si l’on