Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome II.djvu/335

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demande une saison temperée ; & celui de Champagne veut une saison bien chaude : le premier est sujet à s’engraisser, quand les chaleurs ont été grandes ; & le second demeure verd aprés un Eté médiocre. Nous pourrions entrer ici dans un long détail ; mais cette matiere demanderoit un Traité exprés. Marquons en général l’usage qu’on doit faire du vin.

Tout vin, comme tout autre mixte, est composé de sel, de soufre, d’esprit, d’eau de terre : & ce n’est qu’aux diverses proportions, & aux divers mélanges de ces principes, qu’il faut attribuer les différentes qualitez des vins. Ceux de ces principes qui dominent le plus dans tous les vins, sont le sel, & l’esprit. L’esprit, qui est le principe le plus actif, fait la principale vertu des vins ; c’est ce qui les rend capables de donner de la vigueur, d’aider à la digestion, de réjoüir le cerveau, de ranimer les sucs, &c. mais comme le propre de cet esprit est de se rarefier dans les différentes parties où il se porte, & d’y faire rarefier les liqueurs qu’il y trouve, il arrive que lorsqu’il est en trop grande abondance, il gonfle & dilate les parties outre mesure, ce qui fait qu’elles sont moins flexibles, & qu’elles n’agissent plus avec la même ai-