Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome II.djvu/388

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s’observe dans ce Monastere, pour les lectures du Carême. Les premiers Chapitres qui se présenterent, offrirent diverses refléxions morales, qui charmerent d’abord la Communauté. On y lut que la pénitence n’affoiblit point la santé, témoin les personnes Religieuses, qui, à force de se retrancher sur tout, cedent enfin moins aux attaques de la mort, qu’à la nécessité de mourir[1]. On y lut, que ce n’est point au peu de force qu’il faut s’en prendre, si on se dispense du Carême ; mais souvent à son peu de foi, & à son peu d’amour pour la vertu. On y lut, qu’on se trouveroit plus saintement animé, si, aprés avoir goûté le don de Dieu dans les Livres saints, on s’étoit appris à mourir tous les jours, à haïr sa vie dans ce monde, pour la retrouver dans l’autre, & à se faire de la vie un sujet de patience, & de la mort un objet de consolation. On y lut, que selon les Peres, rien n’est plus indigne d’un Chrêtien, que de le voir sensible au plaisir de la bouche[2], sous un chef qui a aimé à souffrir la faim, ni rien de plus honteux que de voir un pecheur se tout accorder, sous les yeux d’un Sauveur qui s’est tout refusé. On y lut plusieurs autres maximes de ce caractere, qui encouragerent la Supérieure à faire continuer la lecture du Traité,

  1. Chap. I. I. Partie.
  2. Chap. XIV. III. Partie.