ceux qui l’ont une fois goûté, & s’il forme en eux des penchans invincibles pour lui ? Une aussi douce habitude engage à des retours, & l’on aime un joug qui ne maîtrise que les cœurs, & qui n’assujettit que les volontez. Voilà à coup sûr, un portrait du thé copié d’aprés quelque portrait de l’amour.
Quant au chocolat, rien, selon nôtre Auteur, n’est plus conforme à la nature de l’homme. « Il convient, nous dit-il, à tous les âges, à tous les sexes, à tous les tempéramens ; il entre dans l’estomac sans douleur, dans les vaisseaux sans tumulte, & dans les nerfs sans violence. On a observé que le pouls de ceux qui viennent de prendre du chocolat, ne s’éleve aucunement, ce qui est une marque, non équivoque, qu’il ne fermente point dans le sang, mais qu’il s’incorpore avec lui sans agitation & sans trouble. » Le chocolat, reprend l’Auteur, quelques pages ensuite, est une boisson voluptueuse, qui échauffe le corps, & qui attendrit les cœurs.
Examinons en détail ces propositions. 1o. Le chocolat, nous dit-on, convient à tous les âges, à tous les sexes, à tous les tempéramens. Cela est directement opposé à l’experience, qui fait voir qu’il échauffe considerablement les jeunes gens, qu’il est con-