Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome II.djvu/42

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vent, & les dents qu’il gâte ordinairement, il altere les poumons, & fait dans les lieux où on en use le plus, comme en Angleterre & en Portugal, des phtisies épidemiques & des scorbuts, on doit plus craindre le sucre qu’on ne fait. »

Nous ne prétendons pas faire passer ces deux langages comme absolument opposez ; l’Auteur pourra dire, que s’il préfere le sucre au miel, & s’il dit que le miel est plus capable que le sucre de porter le trouble dans le corps, c’est à raison du soufre inflammable qui se trouve dans le miel ; & que si ensuite il dit tant de mal du sucre, c’est à raison des particules corrosives du sucre. Mais cela méritoit bien quelque explication, & c’est rendre service à l’Anonyme que de lui fournir celle ci, qui néanmoins ne le disculpe pas tout-à-fait, puisque le miel, ainsi que nous l’avons remarqué, fournit un suc pour le moins aussi corrosif que celui qui se tire du sucre, & que d’ailleurs, on peut aisément se convaincre, en jettant du sucre & du miel dans le feu, que le sucre est encore plus inflammable que le miel. Quoiqu’il en soit, examinons un peu, ce que nôtre Auteur vient de dire, pour faire regarder le sucre comme un poison.