Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome II.djvu/72

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toutes. Il est vrai qu’elle est fort renommée, mais elle ne mérite guéres ce renom, qui d’ailleurs pourroit bien n’être venu que d’une pure équivoque. On raconte qu’en 1382. Charles, Roi de France, allant avec son oncle Philippes le Hardi, Duc de Bourgogne, au secours de Loüis, Comte de Flandres, contre les Gantois qui s’étoient révoltez, la ville de Dijon leva à ses frais mille hommes, pour grossir l’armée de ces Princes ; & qu’en reconnoissance de ce service, le Duc donna, entr’autres privileges, à la ville de Dijon, celui de porter ses Armes, avec son cri qui consistoit en ces trois mots, Moult me Tarde, disposez de maniere sur un rouleau, que le premier & le dernier mot se trouvoient sur la même ligne, & celui du milieu un peu au dessous : en sorte que plusieurs personnes, soit par ignorance ou par promtitude, ne lisant que les deux mots d’en haut, Moult Tarde, prirent ce cri pour un écriteau, où la Ville annonçoit qu’il se fabriquoit chez elle de meilleure moutarde qu’ailleurs. Quoiqu’il en soit, cette moutarde est plus propre par sa douceur, à faire tourner en bile les alimens, qu’à les faire digerer. La bonne moutarde est celle qui se prépare simplement avec la graine de moutarde, & un peu de verjus ou de