Aller au contenu

Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome II.djvu/71

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

xions & aux catharres : mais pour les personnes d’un tempérament sec & bilieux, elles n’en doivent attendre que de mauvais effets, comme il est facile d’en juger par la qualité du sel que contient la graine de moutarde, lequel est si acre, qu’un peu de moutarde appliqué sur quelque partie du corps, y excite des vessies & des pustules. Les jeunes gens, pour l’ordinaire, doivent fuir la moutarde ; mais elle est bonne aux vieillards[1], à cause des humiditez de l’âge ; & l’exemple de ce Pape[2], qui ne pouvoit presque se passer de cet assaisonnement, dont il se trouvoit bien d’user tous les jours à souper[3], n’est pas le seul qu’on pourroit alleguer sur cette matiere. Au reste, quand nous parlons de la moutarde, nous n’entendons point parler de celle que l’on prépare avec le vin doux, ou dans laquelle on mêle le vin cuit & le sucre : on l’adoucit par-là ; mais on la dépoüille en même temps de sa principale vertu, & on la rend trés-bilieuse. Ainsi la moutarde de Dijon, quoique la plus agréable au goût, doit être regardée comme la moindre de

  1. Galen. de Atten. Diæt. cap. 4. Ludov. Nonn. de re cibar. lib. 1. cap. 14. Petr. Gont. lib. 9. cap. 5.
  2. Clement VII.
  3. Pontan. Syntagm. 3. lib. 2. Atticar. bell. p. 177. Sim. Paul. Quadripart. Botan. class. 3.