Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome II.djvu/82

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l’ail[1]. Ce qui ne doit point paroître étonnant à ceux qui sçavent que l’ail est une des choses qui contribuent le plus à la transpiration[2]. Cette racine, à la vérité, infecte l’odorat ; mais toute insupportable qu’elle est par sa mauvaise odeur, elle renferme peut-être ce qu’il y a de plus salutaire dans les meilleurs baumes. Un Auteur digne de foi[3], rapporte l’Histoire d’un vieillard réduit à l’extrêmité, pour avoir voïagé long-tems parmi les neiges, lequel fut enfin heureusement rétabli par l’usage d’un peu d’ail & de miel, mêlez ensemble, sans que ni les élixirs de vie, ni les vrais baumes, ni les eaux de canelle, ni tous les autres remedes semblables qu’on emploïa, eussent pû rappeller un peu en lui la chaleur naturelle. L’Auteur qui rapporte cette Histoire, est le Medecin même qui traita le malade : il ajoûte que le vieillard étant guéri, continua avec succés, pendant quelques jours, l’usage de l’ail, corrigé avec un peu de sucre, & déguisé en forme de dragée. Quelque sain cependant que soit l’ail, il s’en faut de beaucoup qu’il convienne à tout le monde. Il n’est propre qu’à ceux qui sont d’un tem-

  1. Si quis illis allii esu interdixerit, summopere nocebit. Ludov. Nonn. de re cib. lib. 1. cap. 19.
  2. Sanctor. Medic. Stat.
  3. Zacut. Lusitan. Prax. l. 1. observ. 31.