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toine de Levvenhoek. Chaque semence des plantes contient de même en abrégé la plante qui en doit venir, & à l’indéfini toutes celles qui en peuvent naître.

Nous remarquerons icy que les semences dont nous parlons peuvent être considerées selon leurs entitez & selon leurs diversitez. Selon leurs entitez, le nombre en est infini, ce qui fait qu’il se produit tous les jours en chaque espece tant d’individus nouveaux. Selon leurs diversitez, elles sont bornées à un certain nombre, ce qui est cause qu’il ne s’engendre aucune espece nouvelle d’animaux, ni de plantes, ni d’aucune autre chose.

Lucrece a reconnu luy-même la necessité d’admettre les semences, pour expliquer cette constance de la nature dans ses productions : Ne[1] croyez-pas, dit-il, que toutes choses se puissent combiner en toute maniere ; si cela étoit, il se feroit tous les jours des generations bizarres qui ne se font point ; on verroit communément paroître des monstres moitié hom-

  1. Non tamen omnimodis connecti posse putandum ’st
    omnia
    , &c. Lucret. de rerum natur. lib. 2. Carmin. 699.