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Page:Andry de Boisregard - De la Génération des vers, 1741, tome II.djvu/444

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d’une conduite si peu sage, sinon de ce que la volupté ennemie de la raison, empêche toûjours que la prudence n’agisse ; elle éblouit les yeux de l’esprit, & dérobe à la vue les regles qu’on doit suivre. Le sort de ceux qui sont ainsi aveuglés, va jusqu’à leur faire aimer leur propre mal, ce qui est le dernier de tous les maux. Les autres plaisirs ne nous séduisent pas long-temps ; le chagrin les suit de près, & le moment vient qu’au lieu de les rechercher, on se repent de les avoir goûtés ; il n’en va pas ainsi du plaisir que l’on trouve dans l’usage du Tabac ; c’est un charme qui devient tous les jours plus puissant, une habitude qui se change en nécessité, un amusement les premiers jours, & ensuite une occupation sérieuse, dont on ne peut plus se passer. On se représente alors le Tabac, comme un des plus surs moyens de prolonger la vie. On s’imagine de multiplier par-là le nombre de ses années, de vivre autant que Nestor, & de couler des jours exempts d’infirmités ; on se fait accroire qu’en détournant ainsi