Page:Aneau - Alector, 1560.djvu/160

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me estre accomodé de ce bon cheval Durat Hippopotame, propre à chevaucher toutes les mers et les fleuves, en trouvant assez d’autres pour aller sur terre ferme et traverser les regions. Car estimant toute la terre donnée aux filz des hommes pour habitation par le Souverain Seigneur, qui se est reservé le Ciel des Cieux, n’estre que une maison et domicile des humains, je m’estimoie indigne du nom d’homme et d’estre tenu de la famille humaine si je n’avoie veu et recogneu toutes les parties de ceste maison universelle ; et pource avoie je entreprins la circuition et traversement du monde terrestre, pour laquelle parfournir m’estoit necessaire de ne m’arrester aux voluptez, ains le plus doucement que seroit possible, me departir de ma bien aimée Priscaraxe. Parquoy, un jour estant seul avec elle seulle, après avoir donné et receu le solas acostumé, je luy encommencay tel propos : Il n’est si belle et bonne compaignie (ô ma treschere Priscaraxe) qui en fin finalle ne se departe, ou par mort ou autrement. La departie mortelle est d’autant plus grieve que nulle autre, pource que elle est sans aucun espoir de retour, et la