Page:Aneau - Alector, 1560.djvu/161

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luntaire entre les vivans se console tousjours en esperance de reveüe et reunion. Parquoy, estant une fois necessaire la separation de nous – vueillons ou non –, il m’a semblé meilleur de la faire voluntaire entre nous vivans, en plene convalescence, bonne santé et parfaicte amytié, que l’attendre contraincte et violente entre les mourans, en regret et doleance, ou par discorde et inimitié à force derompue. Et pource vous ay bien voulu signifier que dans briefz jours me fault departir de vostre bien aimée compaignie. À ce mot, Priscaraxe, touchée au coeur comme une beste sauvage sagittée, se escrya : Ha Dieu, qui l’eust pensé ? Et ce disant, s’enclina sur ma poictrine, la voix et l’esprit par angoisse entrerompu. Puys après une longue preclusion et profonde reprinse de ses espritz par soubdaine douleur esvanouyz, ainsi reprit sa parolle : Qui l’eust creu, helas ! que de si noble nature fust sortie tant villaine inhumanité ? Que après les plaisirs par toy assouviz, eusses laissé celle qui à prime commençoit à vrayement les sentir ? Ô Franc-Gal, est ce la Franchise d’ond tu portes le nom, pour plaisir rendre douleur, pour honneur