Page:Aneau - Alector, 1560.djvu/187

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Tant que finalement cure trop curieuse
(D’ond tu tiendras le nom) jectera l’oeil ouvert
Sur ce que tu auras tousjours le plus couvert,
Et alors que seront descouvers tes secretz,
De là tu partiras à grand criz et regrets,
Perdant du tout en tout la forme de ton pere,
Et reprenant du tout la forme de ta mere.
Et pource, devant toy, non derriere, regarde
Vat en en ta maison, et ton enfant bien garde,
Et si savoir tu veulx qui cela t’a predict,
C’est le viel Proteüs, qui onque ne mentit.


Ces vers divins prononcez (dist Franc-Gal, continuant son propos), le vieil homme marin se plongea au fond de la mer, avec son trouppeau de veaux marins, tellement qu’il n’en apparut plus rien que le boillonnement en la superficialité de l’eau, et ceste carte d’escorce blanche de Phyllire ou Tillé, surnageant au bort, laquelle fut recueillie et gardée, et depuys à moy envoiée inscripte de tels vers que tu les as ouyz. Et icelle je porte tousjours avec moy pour en veoir l’yssue prophetique. Après donc ceste prophetie prononcée et entendue, les Chevaliers qui estoient à l’entour de la Royne et avoient veu, ouy, entendu et retenu le prognostic de Proteüs, vindrent vers elle pour la consoler et l’em-