Page:Aneau - Alector, 1560.djvu/191

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ne aspirée regardant le petit enclos, il vint soubdainement à desployer ses membres, estendre son corps, bras et jambes, et faire un tour, en sorte qu’il rompit l’ovalle où il estoit enclos, et sortit entre les mains de sa mere, qui receut en grande joye ce petit enfant fois né, vagissant en voix enfantine pour le nouveau sentiment de l’air ; au bray duquel survindrent les deux familieres Damoyselles Pistè et Siopè, qui le prindrent et le lavarent en eau et vin tiede. Estant lavé, il apparut tant beau que merveilles, blanc comme nege, et crespelu d’un petit poil follet blond comme un bassinet, et de corps grand et fort comme s’il fust de trois ans d’eage, se soubstenant et allant incontinent de par soy. Et qui plus est, commenceant à rire et faire feste aux Damoyselles et aussi tost qu’il veit le Soleil, il leva la teste et les yeulx, comme recognoissant son ayeul maternel, qu’il salua incontinent à haute voix, mais un petit enrouée, en telle parolle chantant Je te salue, d’ond les Damoyselles et la mère se prindrent fort à rire, combien qu’elles en furent merveilleusement esbahies, mais encore plus de ce qu’il estoit né tout chaulcé d’unes