Page:Aneau - Alector, 1560.djvu/226

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Le voiage d’Alector cerchant son pere, les nouvelles qu’il en ouyt après avoir esté ravi au fleuve de Tygre et après avoir occis les loups-cerviers. La prinse de l’escu au trophée ; de la cheute de luy et du rieur invisible. Chapitre XIX.



Ce temps pendant que j’estoie en mes loingtaines peregrinations, Alector estoit d’autrepart traversant les regions de l’Asie mineur, le grand mont du Tor, les fleuves Tygre et Euphrat. Mais en passant le Tygre, fleuve ravissant et impetueux comme une sagette (d’ond il porte le nom), son cheval, quelque fort et puissant qu’il fust, neantmoins fut ravi par le courant fil de l’eau, qu’il ne peut trancher, et fut porté jusques en Armenie, au pied d’une montaigne où il print terre, et après se estre secoux les oreilles, les creins et la queüe, et retremblé de toute la peau du corps pour esgoutter l’eau, il se print à hennir treshautement.

A cest hennissement descendirent deux grandz loups-cerviers de la montaigne, querans leur proie sur la beste hennissant, et à grande gueulle bée ne menaçoient que à le devorer, hullans horriblement. Le cheval, naturellement cognoissant ses ennemis, se