Page:Aneau - Alector, 1560.djvu/247

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n’est par plus grande force que la mienne, ains le garderay tant que je le pourray defendre pour l’amour de toy qui es mon parent et qui plus n’en as que faire, pour l’honneur de mon pere qui l’a conquis vaillamment, et pour le beauté et vertu que je y voy et y sens estre. Pource vat en reposer en ton sepulcre et me laisse icy dormir ! Adonc Gallehault, en voix terrible et effrayeuse, luy dist horriblement : Rendz moy mon escu ! Et ce disant, le grand Chevalier noir (qui estoit un esprit en la forme de Gallehault) print l’escu à deux mains que Alector avoit tresbien serré et bouclé en escalpe, et de plus, le tenoit estroictement embracé. Parquoy, l’ombrageux chevalier noir, en elevant l’escu en l’air par une certaine force et puissance spirituelle, enleva aussi Alector, qui estoit estaché à l’escu, et à un instant luy feit perdre terre et l’eleva en l’air si hault que son cheval, qu’il voioit au ray de la lune claire – et luy faisoit grand regret de le perdre – ne luy sembloit estre que un petit lievre gisant en l’herbe, pour la loingtaine distance et hauteur où le Chevalier phantastic l’avoit enlevé, qui l’emporta par la moyenne region